Tu fais de l’agile…ou tu joues à l’agile ?
- Stéphanie GERMAIN
- 13 mai
- 3 min de lecture

“On a mis Scrum, on est Agile.”
Vraiment ? Ou vous jouez juste au théâtre agile ?
Depuis 15 ans, l’agilité a envahi les entreprises, les formations, les roadmap SI et les boards des outils PPM.
Mais sur le terrain, le fossé est énorme entre l’intention agile et la transformation réelle.
Le pire ? Beaucoup pensent qu’ils “font de l’agile”, alors qu’ils sont juste passés en mode post-it sans changer le fond du jeu.
Décryptage d’un mirage bien connu des PMO, CPO, coachs agiles et chefs de projets aguerris.
Faux Agile : quand l’agilité devient une façade
Dans de nombreuses structures, l’agilité a été adoptée... comme un costume.
Des Sprints... mais un backlog figé par les specs validées en comité.
Des Daily... mais vécus comme des mini-reportings pour le manager.
Un PO... qui sert d’intermédiaire entre la DSI et le métier, sans marge de décision.
Un Scrum Master... qui prend les notes et planifie les réunions.
Tout y est en apparence, mais rien ne change en profondeur. On reste dans des cycles décisionnels lents, une culture du contrôle, un PMO cantonné à la gestion budgétaire, et une vision produit absente.
Résultat ? L’agilité tourne à vide.
“L’agilité sans autonomie, c’est comme un Kanban sans limites WIP : ça déborde vite.”
Les 4 pièges classiques des transformations agiles ratées
1. L’agilité comme outil, pas comme culture
Certaines entreprises voient l’agilité comme une méthode “plus rapide”, un levier pour “faire plus avec moins”.
Mauvais point de départ.
L’agilité est une culture de la collaboration, de l’amélioration continue, de l’écoute client. Ce n’est pas une checklist de rituels ou un process out-of-the-box.
2. Le rituel sans intention
Faire une rétrospective sans acter aucun changement, c’est comme aller chez le médecin et ignorer l’ordonnance. Les cérémonies Scrum deviennent mécaniques, stériles.
La vraie question : “Qu’est-ce qu’on apprend ?” et “Qu’est-ce qu’on change ?”
3. La confusion des rôles
Le PO n’a pas le pouvoir de prioriser ? Il n’est pas PO.
Le Scrum Master est responsable des délais ? Il n’est pas Scrum Master.
L’équipe est là pour exécuter les décisions du métier ? Ce n’est pas une équipe agile, c’est une équipe de livraison.
Un rôle mal compris, c’est une mécanique qui se grippe.
4. L’absence de vision produit
Beaucoup d’équipes “agiles” livrent... sans savoir pourquoi. Le backlog est alimenté par des demandes métiers non challengées, sans validation utilisateur, sans feedback terrain.
Sans cap produit, on fait de l’agilité à la rame, pas à la voile.
Ce que font les organisations vraiment agiles
Voici ce que font les organisations où l’agilité marche vraiment :
Elles mesurent la valeur, pas juste la vélocité
Un KPI agile pertinent, ce n’est pas le nombre de story points livrés. C’est l’impact créé. Est-ce que ce qu’on a livré :
A été utilisé ?
A généré du chiffre d’affaires ?
A résolu un vrai problème utilisateur ?
Elles donnent de l’autonomie ET du cadre
Pas d’agilité sans confiance. Les équipes ont un périmètre clair, des objectifs partagés et le droit à l’expérimentation. Le leadership n’est pas dans le contrôle mais dans l’accompagnement, le servant leadership.
Elles alignent stratégie, portefeuille et produit
Là où ça fonctionne, le lien entre stratégie d’entreprise, portefeuille projets, et roadmap produit est clair. On investit là où il y a de la valeur. Et on coupe vite ce qui n’en apporte pas.
Exemple : certaines boîtes font des quarterly value reviews où le PMO, les PO, et la direction produit évaluent les livraisons non pas en livrables, mais en résultats concrets.
PMO, DSI, CPO : comment sortir du théâtre agile ?
Challenge les rôles :
Est-ce que le PO a un vrai pouvoir de décision ?
Est-ce que le Scrum Master a les moyens de faire évoluer les pratiques ?
Fais parler les utilisateurs :
Intègre du feedback continu. Observe les usages. Mesure les irritants.
Mesure l’impact, pas l’effort :
Moins de focus sur le burn down, plus sur la création de valeur.
Pose-toi une question clé :
Est-ce que mes équipes savent POURQUOI elles livrent ce qu’elles livrent ?
En conclusion
L’agilité, ce n’est pas une to-do list de rituels. C’est une posture. Une culture.
Une manière de penser, d’interagir, de décider.
Et surtout : ce n’est pas fait pour aller plus vite, mais pour aller mieux, ensemble.
Alors, dans votre entreprise, êtes-vous vraiment agiles… ou juste déguisés en agile ?
" L'entreprise performante choisit et réalise rapidement ses meilleurs

projets. "
Stéphanie Germain,
CEO d’IQar et Coache Professionnelle Certifiée
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